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L’objet de ce mail est prononcé avec un mélange de terreur, de jugement, de pitié et d’admiration.
C’est ce que j’entends depuis TOUJOURS, quand je m’exprime à propos d’une passion pour un·e artiste.
Alors, comme c’est la fête de la musique… Si vous me connaissez un tant soit peu, vous connaissez l’importance de la musique/d’être une fangirl dans ma vie. Comme chaque été depuis que j’ai L’INDICIBLE BONHEUR de ne plus me taper de jobs saisonniers, je me balade de concert en concert, de concert en festival.
En l’occurrence, à moins de vivre dans une grotte sans réseau, vous n’êtes pas sans savoir que Taylor Swift arpente les stades européens cet été pour la tournée qui célèbre ses 18 ans (!!) de carrière. Justement, elle les fête ce 19 juin alors que je rédige cet e-mail. Bravo ma star.
Taylor Swift. Vous avez probablement entendu ce nom plus d’un million de fois cette année. Et probablement au moins cent fois cette semaine. Laissez-moi être la 101ème fois, svp.
J’ai assisté à 6 concerts du Eras Tour entre le 9 mai et le 3 juin. Oui, le même concert*. Autant vous dire que je suis l’extra-terrestre du coin, pour les gens qui ne comprennent pas ce genre de passion.
Peut-être que vous vous demandez, avec agacement, pourquoi diable toute la planète est soudainement devenue fan de Taylor Swift.
« J’ai raté le coche ou quoi ? » est une question que j’ai beaucoup entendue ces derniers temps. Je vais donc vous aiguiller sur le sujet non sans un peu de storytelling de ma vie, mon œuvre, mon fangirlisme, parce que c’est MA newsletter et que je raconterai ma vie si je le veux.
Ça vaut bien un petit hors-série, non ?
Historique de Taylor Swift en France (de mon POV)
En 2009, lorsque je la découvre, voici où nous en sommes : Taylor Swift a déjà sorti un album country éponyme, dont nous n’avions jamais entendu parler, en France.
En 2008, elle sortait donc son deuxième album, Fearless. Et le single principal, en plus de You Belong With Me et d’Enchanted, vous le connaissez forcément. C’est Love Story, donc.
Ce clip sort en juin 2009, je ne peux pas le rater : normal, j’ai 14 ans et je passe ma VIE devant MTV et tout le reste. Rappel utile : j’ai été fan de Britney toute mon enfance, je vis Starclub et Fan2, je suis déjà piquée aux pop girlies.
Bon, c’est instantané, j’adore Love Story. Je la mets dans ma playlist et ne cesserai jamais de l’écouter, mais je suis une ado et mon attention est concentrée sur Edward Cullen. Je me demande (vraiment) comment me transformer en vampire pour rejoindre la famille Cullen (j’ai toujours pas trouvé). Alors ça s’arrête là pour TayTay, qui est un peu trop humaine et femme à mon goût.
Robert Pattinson et moi en 2011, lors de notre mariage à une avant-première de Twilight. C’est une vraie photo hein, comme en témoignent mes cernes, j’aurais choisi une photo plus flatteuse sinon.
Je ne me souviens pas trop des médias à l’époque, corrigez-moi si je me trompe, mais je ne pense pas que Taylor avait beaucoup d’attention médiatique en France. Quoi qu’il en soit, à ce moment-là, je ne connais pas ses autres chansons.
En février 2010 sort le film Valentine’s Day, avec Taylor Lautner. Je vais évidemment le voir au ciné, car je suis fan de Twilight, je le rappelle. Et à cette époque, Taylor sort avec Taylor (oui). Cette relation lui inspirera la chanson Back To December que J’ADORE.
Taylor dans Valentine’s Day.
Là, je commence à m’intéresser à Taylor, qui me fait bien marrer en cheerleader nunuche qui danse comme une cinglée dans le film. Si vous ne l’avez jamais vu, c’est une rom-com à la Love Actually vraiment cool (enfin, de mémoire) (avec un casting incroyable).
Mais Taylor crève surtout l’écran parce que J’ADORE la BO du film, qui est chantée par cette dame : Today Was A Fairytale.
Cette dernière rejoint Love Story dans ma playlist Windows Media Player (mdr), je la saigne, la ponce, bref j’adore.
Mais on est toujours en 2010, j’ai 15 ans et je suis toujours une ado ravagée du ciboulot (pas sûre d’avoir beaucoup changé depuis). Traduction : grâce à la misogynie intériorisée par tous les magazines féminins que je lis et grâce à la société, je m’intéresse davantage à des stars masculines.
Bon en vrai, je stan déjà FORT Lady Gaga, avec un fort attrait pour son dernier album, Born This Way, ce qui en dit long pour ma future existence d’alliée gauchiasse. Bref.
Et Dieu créa Harry Styles
Automne 2011. Je découvre One Direction. Grave erreur pour ma santé mentale et mon porte-monnaie, en plus je m’en moquais il y a à peine quelques mois sur Twitter, ça m’apprendra. À quoi bon lutter ? Mes lubies et passions, les contenus que je consomme avec une obsession méticuleuse, me trouvent toujours lorsque j’en ai besoin. Alors, oui merci, volontiers, je saute dans le train 1D ! De toute façon, la fibre fangirl, je suis née avec.
Vraie fan de 1D passe son temps à scruter toutes les vidéos YouTube de son boysband préféré. Je découvre cette vidéo : oh oh.
Les 2845 vues sont miennes.
La chanson qui accompagne la vidéo ? Long Live de Taylor Swift, chanson issue de son 3ème album sorti en 2011 : Speak Now. Décidément !
Grâce à cette vidéo (que, même aujourd’hui, je ne peux visionner sans larmoiement intempestif), je n’oublierai JAMAIS cette chanson. Je pense que, pour toujours, je la lierai à ma vie de fangirl.
Et une chanson de Taylor Swift supplémentaire ajoutée à ma playlist. Ça fait 3, mais je crois que la chanson Last Kiss s’était aussi glissée dedans, je n’en suis plus sûre néanmoins.
Automne 2012.
Pour me tuer, je pense, mon bien-aimé Harry Styles se met à sortir avec…??? TAYLOR SWIFT.
Je l’avais prédit quelques mois plus tôt (et menaçait d’en finir – TW folle à lier du coup).
Preuve :
Complètement ravagée.
Bon, là je suis plus trop pote avec Taylor, j’ai le seum. Harry a 18 ans, moi aussi, on est meant to be. Marre. Ce qui me console, c’est que j’ai la lucidité (ou la delulu) de me doute que cette relation de trois (3) petits mois était une manigance de RP pour promouvoir le nouvel album de 1D + celui de Taylor, qui sortent à la même période.
Mais cette newsletter n’étant pas un médium pour mes théories complotistes datant de 12 ans (je continuerai à soutenir mordicus que j’ai raison), je vous épargne ça et vous invite à faire vos recherches.
À cette période dramatique où je combine année de fac catastrophique, pauvreté étudiante et cœur brisé par un pauvre type moche, ma misogynie intériorisée est dans sa volcan en éruption era.
L’heure de la contradiction
Il y a conflit d’intérêts. Je dois bien avouer que l’album Red est incroyable. Je suis soufflée par le génie de son dernier album, à la dame. Red pansera mon cœur meurtri (ptdr quel mélodrame) et restera dans mon top 3 albums préférés de Taylor jusqu’en 2020. C’est vous dire.
En même temps, il faut voir comme j’écoutais All Too Well non stop. Et c’était même pas la version de 10 minutes, à l’époque !
Sauf qu’en 2012, il ne fait pas bon afficher son amour pour Taylor Swift (et, globalement, la pop) publiquement. Sur Twitter, un type du lycée tente de me bully pour mes goûts, le pauvre, il ne savait pas qu’il s’adressait à Hadès. Si j’ai toujours assumé mon penchant pour la pseudo « mUsIqUe CoMmErCiAlE », je ne suis pas prête à me revendiquer swiftie et, spoiler alert, on en est encore LOIN.
Je suis un mélange de lui et Megara, pour info. Et oui, Hercule est mon Disney préféré.
Un saut dans le temps ?
Début 2014. Je vis à Londres, où je suis fille au pair le jour et fangirl la nuit. Comprendre : je vis dans la ville des One Direction. Je vous épargne les anecdotes diverses et variées en compagnie de mes acolytes (celles qui me lisent savent), mais on a bien ri.
En février 2014, Taylor Swift passe justement à Londres pour la tournée de l’album Red que j’adore. À cette époque, j’ai un contact qui a une loge VIP à l’O2 Arena et me propose des places à tout petit prix pour la plupart des concerts, dans cette loge. Le Red Tour n’y fait pas exception.
Je me rends donc au Red Tour avec mes girlies sûres, on passe un moment génial, on voit All Too Well en live et toutes mes chansons préférées de Red et plus encore, même Long Live dont je vous parlais plus tôt.
Mais se revendiquer Swiftie, c’est encore la méga honte. Les médias se sont saisis de ses déboires amoureux et la dépeignent en « player » et la slut shament sans arrêt, parce que c’est une jeune femme de 23 ans a le malheur de sortir avec des mecs et d’espérer trouver l’amour. Et GOD FORBID qu’elle écrive des chansons inspirées de sa vie sentimentale ! Ben oui, vaut mieux écrire de belles chansons sur le vi0l comme Robin Thicke, par exemple.
Source
Bref, j’ai des œillères et autant vous dire que je ne me vante pas de mon amour pour sa musique et que je prends bien soin de…
Attention, TW, fermez les yeux, bouchez-vous les oreilles et rappelez-vous
qu’on est en 2014, quand ma misogynie n’est pas déconstruite…
« sÉpaReR lA fEmMe De L’aRtIsTe »
Oof. On est vraiment teubé quand on a 19 ans et my girl Taylor ne vous dira pas le contraire.
Fin 2014, un nouvel album aux paroles dévastatrices me trouve à nouveau dans une période dramatique de ma vie.
Il s’appelle 1989 et va, de nouveau, me permettre de m’identifier à la tempête sentimentale que traverse et décrit Taylor à travers ces chansons.
Eh oui : depuis le début de mon intérêt pour la musique de Taylor Swift, c’est comme ça que je l’expliquerais. Ses paroles évoquent des souvenirs et les décrivent avec une telle justesse qu’il est facile de se mettre à sa place, d’avoir de la compassion pour ce qu’elle raconte. Elle écrit pour elle, oui, mais aussi pour nous tou·te·s, quel que soit notre âge ou ce que l’on vit actuellement.
Ses paroles sont intemporelles. Même si tout va bien dans ma vie en ce moment, je peux me transporter au moment où j’ai ressenti la même chose qu’elle. En fait, elle prend de petits ou de grands moments de la vie et les met à la portée du public, ce qui fait que l’on se sent moins seul·e avec nos émotions.
1989 atteint un niveau un peu plus mainstream. On avait entendu 22 et I Know You Were Trouble partout avec Red. Laissez-moi vous présenter… Shake It Off et Blank Space.
Mais évidemment, aux yeux de la critique (sexiste), c’est encore un album de meuf chiante qui ne parle que de ses ex. 🙄
2015-2018
Petit break pour moi : je retourne à mes études, je suis fauchée comme les blés et je dois me rendre à l’évidence que dois faire un break vis-à-vis de ma vie de fangirl. Ça me brise le cœur, mais je n’ai pas les fonds pour me payer tout un tas de concerts. Il se trouve qu’à cette période, Taylor a supprimé toute sa musique de Spotify pendant 3 longues années.
N’utilisant que ce service de streaming, j’ai pratiquement arrêté de l’écouter (ce qui me paraît fou), sauf 1989 et Red que j’avais achetés sur iTunes.
Étant sortie du Twitter fangirl pour ne pas remuer le couteau dans la plaie (= ma FOMO), je n’ai donc pas engagé avec Reputation. Je vous passe tout le drama Kim K/Kanye VS Taylor. Si vous ne connaissez pas ce conflit historique, tout Internet a son mot à dire dessus, cherchez un peu.
Pour tout vous dire, j’ai découvert Reputation lorsque le Rep Tour est sorti sur Netflix le 31/12/2018 alors que je passais des vacances en Écosse.
Voir ce show a rallumé l’étincelle fangirl en moi. And just like that…
Je suis revenue dans le game. Comme pour Harry et Lana. Parce que j’avais de nouveau les fonds, l’énergie, tout : I WAS BACK. Pour autant, j’aime beaucoup Reputation mais pas assez pour être en full swiftie mode.
Jusqu’à… 2019 et la sortie de Lover (je vous invite à regarder son documentaire sorti à cette période, Miss Americana sur Netflix).
D’ailleurs, lorsque Taylor annonce la sortie de Lover, elle annonce aussi que ses droits sur ses anciens albums ne lui appartiennent pas. More on that later.
It’s golden like daylight
Bon, j’adore cet album, bien qu’inégal (y’a 4/5 chansons que je skip systématiquement). Et Taylor annonce le LoverFest, une mini tournée d’à peine 10 dates qui passe… En France ! Hors concerts privés, elle n’a fait qu’un concert en France dans le cadre d’une tournée : le Speak Now Live Tour au Zénith, en 2011, qui a été un tel flop qu’elle n’est plus jamais revenue. Gloups.
Bref, elle annonce les Arènes de Nîmes en juillet 2020. Un cadre idyllique, 12 000 places, ça promet d’être fou.
C’est là que vous allez comprendre la différence entre 2019 et 2024.
J’ai eu mes places si facilement. J’étais au bureau, j’ai obtenu mes places dans le calme, sans paniquer, pleurer, ni me battre des heures sur Ticketmaster.
Bon, vous connaissez la suite ? 2020. Mdr. Juillet 2020. Le concert a été annulé et jamais replanifié. C’est mon cadeau des 25 ans et c’est mon empire romain. 💔
Heureusement, en juillet 2020, Taylor nous a offert un beau cadeau qui va commencer de changer la trajectoire de sa notoriété mondiale.
La reine du storytelling
En pleine pandémie, je me réveille dans mon appartement bordelais et découvre avec une joie folle que notre parolière prolifique a sorti un album surprise dans la nuit.
Il s’appelle folklore et promet d’être tout ce dont je rêvais, sans même savoir que j’en avais besoin.
Je me rappelle m’être éprise de cet album à la seconde où je l’ai lancé et que j’ai écouté « the 1 ». Ce n’est pas pour rien si c’est, encore aujourd’hui, mon album préféré de Taylor !
La critique a unanimement acclamé cet album folk, qui relève (a priori) plus de l’ordre de la fiction que de l’autobiographie. Tout dans cet album raconte une histoire.
D’ailleurs, folklore sera bientôt accompagné de son album jumeau, evermore, qui sort en décembre 2020.
folkmore <3
Ces deux albums, souvent considérés comme un seul opus, ont permis à TayTay d’explorer un son plus « indie », de développer un univers à part où elle explore des sujets et des personnages différents de ce qu’elle a l’habitude de faire. D’ailleurs, ces deux albums offrent des collaborations avec des stars de la musique alternative telles que Bon Iver et The National. Alors, les puristes de la musique, ÇA DIT QUOI ?
L’un des aspects les plus touchants de l’écriture de Taylor, selon moi, est le fait qu’elle soit si descriptive, narrative, poétique. Elle n’a fait que s’améliorer depuis le début de sa carrière.
Avec des paroles telles que « now you hang from my lips like the Gardens of Babylon » ou les métaphores de mirrorball, je pense qu’elle veut me tuer.
Taylor n’a jamais rien eu à envier à des parolières de renom comme Dolly Parton ; elle est une grande, elle aussi.
Et moi, j’attendais une TOURNÉE folklovermore (héhé) pour me consoler du Lover Fest tué dans l’œuf.
L’histoire de « Taylor’s Version »
En avril 2021, Taylor sort son album « Fearless (Taylor’s Version) ». Ou plutôt, elle le RE-sort. Eh oui, si vous avez suivi cette longue newsletter, vous devez savoir que Fearless est le nom de son deuxième album, sorti en 2008. La dame a choisi de le réenregistrer, lui et ses 5 autres premiers albums.
Mais pourquoi diable rééditer ses six premiers albums ?
It’s drama time. ☕️
En 2005, Taylor a signé avec Big Machine Records, 1 an avant la sortie de son premier album éponyme. À l’expiration de ce contrat en 2018, elle est passée chez Republic Records (Universal) mais les droits de ses six premiers albums sont restés chez Big Machine.
À la suite de ce transfert, les droits sur les masters de Swift ont été achetés par Scott Borchetta aka Scooter Braun, un producteur de disques (aussi connu sous le nom de Spider Boy ou juste 🛴 chez les swifties). Vous savez, le bff de Justin Bieber et Ariana Grande ? Ce charmant individu lui a interdit d’interpréter ses anciennes chansons à la télé, par exemple. Et 🛴 a ensuite revendu les disques à une autre société pour la modique somme de 300 millions de dollars. Quel plaisir !
Avec les réenregistrements qui sortiront en 2021, 2022, 2023 et, vraisemblablement, en 2024 (il n’en reste plus que 2/6 🦋🐍), Taylor coche plusieurs cases :
- Déjà, redevenir propriétaire de sa musique et percevoir les droits d’auteur sur les chansons qu’elle a écrites et interprétées.
- Éveiller les consciences et faire évoluer l’industrie musicale comme elle l’avait déjà fait avec Spotify
- Permettre à de nouveaux fans de découvrir ses anciennes œuvres. C’est déjà pour cette raison (et grâce à folklore + evermore) que le fandom a commencé à grandir.
Quid de ses fans de longue date qui se tapent des sorties d’albums qu’iels connaissent déjà ?
Eh bien on est les premier·e·s à être surex. Les fans comme moi, dont l’adolesence et la vie de jeune adulte ont été bercées par l’album qu’elle sortait à ce moment-là, se délectent à analyser les réenregistrements pour y trouver de minuscules changements de paroles et de minuscules altérations de l’intonation.
Pour la plupart, on revit l’époque où les albums sont sortis pour la première fois ! La sortie de Red (Taylor’s Version) en 2021 était dingue, celle de 1989 TV (octobre 2023) aussi.
Non-contente de sortir des chansons que l’on connaît déjà, Taylor y ajoute des « vault tracks » ; des chansons inédites, qui ont été coupées au montage lors de la sortie initiale.
Écouter Taylor, la trentaine, chanter des choses qu’elle a écrites lorsqu’elle avait 17 ou 18 ans me fait sourire. Si elle a évolué loin de la chanteuse de 16 ans en bottes de cowboy, elle gardera toujours ce truc qui fait ce qu’elle est (qui, ironiquement, était moqué à l’époque).
En octobre 2022, elle sort son 10ème album, Midnights. 10 jours plus tard, elle annonce sa tournée américaine The Eras Tour (son passage en Europe sera annoncé le 20/06/2023).
Et là, en France comme partout ailleurs, tout s’accélère.
En décembre 2023, elle a été nommée « personne de l’année » par Time. En février 2024, elle est entrée dans l’histoire des Grammy Awards en devenant la première personne à remporter pour la quatrième fois la récompose d’Album de l’année (AOTY), devant Stevie Wonder, Paul Simon et Frank Sinatra.
Au moment où je vous écris, elle s’apprête à attaquer une série de 3 (8 en tout) shows à guichets fermés au Wembley Stadium, à Londres.
Comment expliquer ce succès soudain, après 18 ans de carrière ?
Déjà, le mot « soudain » n’est pas tout à fait vrai. Si Taylor n’est pas une preuve que le hard works pays off + good things take time, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus.
Ce n’est pas un « overnight success » ; elle ne s’est pas laissée marcher sur les pieds, elle a persévéré et, quoiqu’on pense de sa musique, ce n’est pas biaisé d’affirmer que Taylor, c’est une BOSSEUSE.
Au-delà de ça, le fait qu’elle ait gardé le contrôle de sa vision artistique sans perdre le cap ni se faire influencer est impressionnant. J’ai lu ça je ne sais où ; mais dans un monde dominé par les hommes, les producteurs masculins ont souvent une influence si marquée sur les enregistrements que les artistes féminines finissent par avoir l’impression que le résultat final n’est plus leur œuvre. Je ne crois pas du tout que ce soit le cas de Taylor, qui garde la main sur tout ce qui sort sous son nom.
Elle force l’admiration et son sens des affaires est étonnant, elle est crainte et on la tacle souvent pour cela alors que si elle était un homme… Ce serait normal. Just like Leo, in Saint-Tropez 🎶
Oui, c’est Taylor grimée en homme dans le clip de The Man (je vous invite à vous pencher sur les paroles de cette chanson).
J’ajoute qu’elle n’a jamais eu besoin d’être sexualisée et ça, ça change de ce que l’on impose aux icônes de la pop depuis les années 80. Elle s’est affranchie du male gaze, elle sait qu’elle n’en a pas besoin car son public est surtout féminin. Tout ce qu’elle ne donne pas en male gaze, elle le donne en professionnalisme (no offense aux autres pop girlies, personne ne peut se comparer à elle de toute manière). Ah et elle a même poursuivi un vieux DJ qui l’a agressée s3xuellement à l’époque de #MeToo. Ma reine.
Et ensuite, je vous l’ai démontré : Taylor Swift est une parolière hors pair et je crois que beaucoup de gens l’ont enfin compris. C’est la quintessence de son succès : cette aptitude qu’elle a à dépeindre les émotions que tout le monde connaît dans des métaphores et des euphémismes, au lieu de les exprimer directement… C’est assez rare (attention phrase de boomer incoming), à une époque où la perspective de devenir viral TikTok encourage les auteurs-compositeurs à renoncer à des paroles travaillées pour leur préférer des punchlines (dsl mais je parle totalement de Sabrina Carpenter par exemple, même si j’adore cette Polly Pocket).
Mais ce que je cherche à expliquer, c’est pourquoi, en 2023/2023, j’ai dû me battre des semaines/mois entiers pour obtenir mes places pour le Eras Tour Paris (46K spectacteurs x 4 soirs) alors qu’en 2019, j’ai mis 2mn à obtenir mes places pour son concert aux arènes de Nîmes (1 soir, 12K places).
La réponse tient, je pense, dans 1) TikTok qui popularise la musique à une vitesse folle 2) tout ce qui était vu comme girly/cringe à nos 15 ans est devenu moins honteux et surtout tendance + mainstream à nos 30.
J’avoue que j’aurais bien aimé garder Taylor encore un peu pour moi 😋 je n’ose imaginer ce qu’il est des fans qui étaient invitées à ses secret sessions chez elle, pour chaque sortie d’album, ou en backstage aux concerts. C’est bittersweet de se dire que cette époque est révolue et que les possibilités de rencontrer Taylor sont désormais proches de 0. Évidemment, je suis super fière de voir tout le chemin parcouru pour elle, c’est mérité. Et c’est très cool de voir que des personnes de mon entourage rejoignent ma secte.
Si vous êtes « nouvellement » fan, peut-être que vous pourrez confirmer ou infirmer ce que je dis. Mais j’ai l’impression que la hype s’est intensifiée de cette manière. Et je pense que l’arrivée du Eras Tour au ciné puis sur Disney+ ont aussi contribué à cette popularité grandissante.
Je n’exagère pas en disant que la musique de Taylor Swift, et tout ce qu’il y a autour, est mon exutoire. Sa musique éveille en moi (et tant d’autres) le besoin humain, très profond, d’être entendue et reconnue. Ses paroles valident mes sentiments, mes émotions.
Il y a une chanson de Taylor pour chacun·e. Je vous encourage à écouter quelques-unes de ses chansons si vous ne les connaissez pas, d’ailleurs. Et ne me dites pas que vous n’aimez pas ce qu’elle fait si vous connaissez uniquement ses plus gros tubes ; ils ne sont pas représentatifs de son génie et, oui, je sais me battre.
Donc je vous laisse écouter cette playlist que je me suis embêtée à faire pour vous faire découvrir des titres qui pourraient vous surprendre. ⬇️
Détester Taylor Swift c’est so 2012
On en parle ?
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Je vous dis à bientôt pour une newsletter « normale » !
Happy solstice d’été.
Chloé
Chloé Kieffer
Rédactrice marketing et créatrice de la newsletter Club Édito