Temps de lecture estimé : 10 minutes, 8 secondes.
Cher Club Édito,
Suite à ma dernière newsletter sur l’automne, je vous retrouve alors que l’on se remet du passage à l’heure d’hiver.
Yay, les longues soirées au coin du feu avec une minette de chaque côté de moi. Mais aussi l’envie de n’absolument PAS sortir de chez moi !
J’espère que, comme moi, vous avez renoué avec la saison grâce à la magie que l’on peut trouver dans ces mois généralement associés à la morosité ambiante (surtout en ce moment) et à la baisse d’énergie. Je vous envoie des bougies aux parfums réconfortants, du chaï latte, un bout de mon plaid le plus doux et des mince pies (oui, même si vous aimez pas ça). Et on y va !
💭 brèves pensées, pensées (pas si) brèves
S’il y a bien un phénomène TikTok qui incarne la génération Z, c’est celui de la soupe au haricot.
Sur TikTok, une recette de « bean soup » a pas mal tourné : oui, parce que, pour une raison que j’ignore, il s’avère que beaucoup de gens aiment la soupe aux haricots.
Faites-moi signe si vous y goûtez.
À tel point qu’il est devenu assez commun pour les créateur.ice.s de contenu food de partager leurs recettes de soupe aux haricots préférées.
Jusqu’ici, vous me suivez ?
En lisant les commentaires sur les vidéos de soupe aux haricots, une tendance se dessine : de nombreuses personnes posent la question suivante : « Et si je n’aime pas les haricots ? ».
La réponse à cette question est assez évidente : ne mangez pas de soupe aux haricots (et saoulez pas).
Internet a remarqué le nombre ridicule de questions « et si » sur les vidéos de soupe aux haricots et en a fait un thème récurrent.
Sauf que la plupart des gens n’arrivent pas à comprendre que les vidéos que leur propose l’algorithme ne leur conviennent peut-être pas.
Et moi ? Oui mais et moi ?
Une créatrice de contenus a appelé ça le « What About Me effect » : il combine à la fois la culture individualiste et le fait d’être « chronically online » (passer trop de temps en ligne).
En gros ? Cela signifie que nous supposons que tout devrait s’appliquer à nous, d’une manière ou d’une autre, et que nous devrions être pris en compte dans notre situation personnelle et nuancée.
Au lieu de se dire « ah tiens j’aime pas les haricots donc je vais passer mon chemin », les gens ont besoin de tirer la couverture à eux en se plaignant ou demandant une substitution d’ingrédients.
Comme les gens qui laissent des coms sur le site Marmiton là, tu leur dis de faire une quiche lorraine ils remplacent tous les ingrédients jusqu’à ce que ça devienne une bouillabaisse. Mais je m’égare.
Si vous ne voyez pas le problème, lisez donc l’histoire de cette meuf qui s’est pris un énorme backlash parce que les gens ont eu le seum pour un (1) tweet innocent :
J’ai halluciné en lisant les citations et les réponses au tweet.
Je pense que les gens croient que tout le contenu qui atterrit sous leurs yeux est soigneusement sélectionné par l’algorithme.
Alors quand un contenu arrive sur leur page et que cela ne correspond pas à ce que leur ego aimerait voir, par le biais de leur expérience spécifique, ça ne leur plaît pas.
Pourquoi donc ?
Consumérisme et compagnie
C’est la révolution industrielle qui a permis la production de masse : l’automobile a véritablement fait passer les choses à la vitesse supérieure (lol), côté consommation.
Merci Henri Ford : d’un coup d’un seul, le consommateur a eu l’embarras du choix et 250 marques au rayon céréales.
Avance rapide : Internet crée la distribution de masse.
N’importe qui peut se connecter à n’importe qui. Ou n’importe quoi (genre ce channel Reddit où on est uniquement autorisé à taper la lettre « g »).
On nous vend des cures de compléments alimentaires sur-mesure, skincare routine adaptée, diagnostic de cheveux personnalisé, assistants (Alexa) qui enregistrent nos préférences du quotidien pour proposer une expérience aux petits oignons…
La page d’accueil de YouTube a été conçue sur mesure, avec des recommandations élaborées en fonction de nos goûts et de nos préférences. Instagram, pareil. TikTok a baptisé son fil « For You Page ».
OUI
On ne peut le nier : en tant que consommateurs, nous nous sommes habitués à ce que tout soit fait sur mesure pour nous.
C’est la manifestation capitaliste du mantra « chacun est unique », dont Internet a été le vecteur. Le syndrome du personnage principal n’est jamais bien loin.
La culture centrée sur le « moi »
Ce qui me fascine ici, c’est le rôle que joue la technologie en permettant et en accélérant l’individualisme.
En vrai, je pense surtout que les commentaires « et moi ? » découlent surtout d’un manque de bon sens. Mais on ne peut nier qu’Internet et l’hyper-personnalisation algorithmique renforcent le « moi je ».
Ces personnes devraient peut-être toucher de l’herbe prendre conscience que, non, tout ce qui existe dans le monde n’est pas fait sur-mesure pour elles.
Parce que non, on n’est pas fait pour s’immiscer dans chaque contenu croisé en ligne.
Encore moins à être contrarié.e si la personne ne parle pas d’une expérience universelle, en mode « Comment osez-vous partager quelque chose que MOI je ne peux pas comprendre ? ».
J’ai souri, j’avoue, quand j’ai lu les commentaires de ces personnes qui ont prétexté se préoccuper de diversité, d’équité et d’inclusion. Il va sans dire qu’une vidéo de soupe aux haricots n’enlève pas nécessairement du pouvoir à ceux qui préfèrent ne pas manger de haricots… ? Je cherche le rapport.
Make Soupe Aux Haricots Great Again
Les personnes qui commentent les contenus qu’elles n’aiment pas devraient se demander…
Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de commenter cette vidéo et d’en faire quelque chose qui me concerne ?
Pourquoi rabaisser un.e créateur.ice parce qu’iel a posté quelque chose à laquelle je ne peux pas m’identifier ?
Toutes les choses que nous voyons ne sont pas forcément en rapport avec nous, et ce n’est pas grave.
L’hyper-personnalisation… Après ?
Si le XXe siècle était celui de la consommation de masse, le XXIe siècle est celui de la « consommation sur-mesure ».
Nous produisons plus que jamais – l’Internet et l’IA continuent de rendre la production plus facile que jamais (et c’est discutable).
Néanmoins, ce mode de production privilégie les produits/services plus adaptés, personnalisés et conçus pour les individus, plutôt que pour les masses.
Bien qu’il y ait beaucoup à redire, vu que tout n’est ni tout noir, ni tout blanc, je ne peux m’empêcher d’y voir du positif. Une percée de ciel bleu dans un horizon orageux.
Répondre aux besoins de chacun.e
Pas besoin d’être Madame Irma pour conclure que les effets de la personnalisation seront certainement étendus à tous les secteurs d’activité et industries.
D’ailleurs, on a déjà des exemples d’IA qui répondent à la prochaine vague d’hyperpersonnalisation.
Class Companion, par exemple, qui offre aux étudiants un feedback personnalisé sur leurs devoirs. Il y a aussi Meeno, un « relationship mentor ».
En 1990, il aurait été impensable que les gens de 2023 aient des amis proches qu’ils n’ont jamais rencontrés. Pourtant, environ 40 % des membres de la génération Z déclarent avoir un ami proche avec lequel ils n’interagissent qu’en ligne.
Si ça se trouve, dans 10 ou 20 ans, on pourra considérer un chatbot d’IA comme un ami proche… ? Et je me dis qu’en dépit de la dimension tout à fait dystopique que suggère l’idée, cela aidera probablement des gens à combler la solitude.
Ne me jetez pas de pierres : c’est un besoin/une problématique parmi tant d’autres (!) que l’hyperpersonnalisation peut *éventuellement* aider. Mais je m’arrête ici pour aujourd’hui.
Si vous voulez poursuivre cette réflexion, bien que ce sujet soit si vaste que j’ai moi-même failli m’y perdre en écrivant cette newsletter, vous pouvez répondre directement à cet e-mail.
✏️ good cop(y), bad cop(y)
Parfois en français, parfois en anglais, selon mes trouvailles.
Il y a deux semaines, ma chère amie Julie m’a écrit :
Alors, évidemment, j’ai mis le nez dans cette histoire – car je n’avais rien suivi.
Avant-propos : je tire mes infos de cet article.
Le tout nouvel Eurostar, résultant de la fusion Eurostar et Thalys, a été officiellement inauguré le 1er octobre dernier.
Objectif commercial : transporter 30 millions de passagers par an d’ici 2030.
Avec la création de cette nouvelle entité et le rebranding, une nouvelle marque, un nouveau site internet, une nouvelle application et un nouveau programme de fidélité ont également été lancés.
Et avec tout ça, vu que c’était pas assez, hop : une campagne de communication à 360° qui donne vie au nouveau positionnement de la marque :
« Spark New Opportunities »
Pour rappel, l’ancien logo, qui ne devait pas sparker assez d’opportunities.
Nouveau logo pour une nouvelle vie. Pourquoi il me rappelle TicketMaster ? #trauma
Rebranding ou pas, Eurostar est perçue comme une option de voyage haut de gamme, offrant des services de qualité supérieure par rapport à d’autres moyens de transport, ce qui en fait un choix privilégié pour de nombreux voyageurs d’affaires et de loisirs.
C’est pour ça que ceci est étonnant ⤵️
Les mots et les emojis utilisés contribuent à façonner l’image de la marque. Or :
- Un langage inapproprié ou des emojis mal choisis peuvent détériorer la perception de la marque, la faisant paraître peu professionnelle ou peu scrupuleuse… Bingo pour l’emoji dalleux.
- Ce public cible a généralement des attentes élevées en matière de qualité et d’esthétique. Utiliser des mots et des emojis maladroits peut détourner une audience qui s’attend à une communication raffinée, subtile et élégante. Pas sûre que les consommateurs de produits ou services haut de gamme tel qu’Eurostar raffolent de cet emoji : 🤑. Encore moins les personnes qui font partie du programme de fidélité !
Conclusion
Pour maintenir un positionnement haut de gamme, il est nécessaire de choisir soigneusement les mots et les emojis utilisés dans sa communication, en veillant à ce qu’ils correspondent à l’image et à l’esthétique de sa marque, tout en répondant aux attentes du public cible.
C’est, entre autres, ce que je conseille aux clientes que j’accompagne en audit ou dans la conception de leur charte éditoriale 👀
🦋 minute pop(illon)
Écouté :
À la recherche du thon à la catalane
Qui ne rêve pas d’écouter une balade méditative dans les allées d’un hypermarché ? Pensée pour celles avec qui je partage la passion des grosses courses.
Lu :
Beach Read
Rien de tel qu’une rom com de basic b*tch pour déconnecter un peu pendant ses vacances et reprendre goût à la lecture, non ?
Vu :
Lessons in Chemistry
Une super série bien féministe, bien années 50, bien « envie de cramer le patriarcat » avec Brie Larson, oui oui.
🔗 bookmark’d
- Dénoncez-vous si vous regardez les films en morceaux 🇫🇷
- Mettez du gloss pour percer sur TikTok 🇺🇸
- Oui, il y a un Q5 business (5ème trimestre). 🇺🇸
- Un podcast a-do-rable pour apprécier Novembre 🇬🇧
- Quoi de plus lucratif que d’être une sorcière sur Etsy ? 🇺🇸
- Comment les femmes sont devenues obsédé.e.s par le bien-être 🇬🇧
- La fangirl attitude va trop loin 🇺🇸
- TikTok redonne vie au jingle marketing 🇺🇸
- Un film Netflix sur les meufs mieux payées que leurs mecs 🇺🇸
- 13mn pour comprendre comment Internet est devenu saturé de 🍑 🇺🇸
Et une page de réclame
Cette divine pub Crocs visiblement créée sur Paint, qui n’est pas sans rappeler ma newsletter #20 sur le marketing de la nostalgie !
On se retrouve dans deux semaines. Dans l’édition #28, je prendrai position sur un sujet business/freelancing qui divise les foules… Sans être avare d’arguments, vous commencez à connaître cette newsletter !
💌 share the love
Vous avez trouvé cette newsletter délicieuse ?
- Partagez-la ou transférez-la à quelqu’un pour qu’iel s’inscrive à son tour 🥰
- Répondez-moi par retour de mail ou envoyez-moi un DM sur Instagram ✨
Chloé Kieffer
Copywriter et créatrice de la newsletter Club Édito
Travaux récents :
🎙️ Podcast : épisode #20 : trouver les bons mots pour parler à sa cible
✏️ Articles Etsy : 19 idées de cadeaux pour homme + 14 boutiques géniales pour des cadeaux de Noël fabriqués en France
✏️ En cours : rédaction du site de Charlotte
📆 Heads up: mon agenda est rempli pour les 3 prochains mois ! Merci à mes super clientes pour leur confiance. 💞
Il sera donc possible de travailler avec moi à partir de février 2024 : rédaction de site Internet, page de vente, séquence e-mails… Parlez-moi de vos projets !