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Cher Club Ădito,
Je ne ferai pas un commentaire de plus sur ce mois de janvier.
Et comme il y a beaucoup Ă lire, je ne m’Ă©tends pas sur cette introduction.
En fĂ©vrier, je reprends le sport les appels dĂ©couvertes pour discuter de votre projet : site Internet, charte Ă©ditoriale, page de vente, campagne d’e-mails marketing ou autres contenus Ă©ditoriaux.. On travaille ensemble en avril/mai ?
Blocage rédactionnel ? Budget limité ? Vous pouvez simplement réserver une consultation one shot pour piquer mes conseils.
30mn pour papoter, 60mn dans le vif du sujet : vous sortirez de là avec des idées toutes neuves (et mal aux zygomatiques).
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đ brĂšves pensĂ©es, pensĂ©es (pas si) brĂšves
En 2005, passer mon aprĂšm au centre commercial ne signifiait qu’une chose : Claire’s.
Les nĂ©ons, la musique pop, des articles colorĂ©s Ă ne plus savoir oĂč donner de la tĂȘte et l’excitation palpable Ă chaque pas que je faisais dans le magasin. Claire’s, pour bien d’anciennes ados, c’Ă©tait plus que du lĂšche-vitrine.
Tout dans ce magasin semblait parfaitement conçu pour moi, au dĂ©but des annĂ©es 2000. Mais je n’Ă©tais pas la seule !
S’emparer de chaque accessoire, sentir les gommes parfumĂ©es, essayer des colliers funky ou kawaii, choisir des masques (trĂšs douteux) pour le visage, enfiler des casquettes Ă strass, acheter un sac Ă main en forme de cĆur, se coller des barrettes pailletĂ©es dans les cheveux, rĂ©clamer un porte-clĂ© Ă pompons ou un brillant Ă lĂšvre Pepsi (?!), dĂ©goter des lunettes de soleil farfelues…
Pour des gĂ©nĂ©rations de femmes avant, pendant et aprĂšs moi, Claire’s est synonyme de nostalgie. La marque existe 1971 et rĂ©pond Ă la sensibilitĂ© unique des prĂ©-adolescentes.
Claire’s a contribuĂ© Ă l’expression de soi de beaucoup d’entre nous. C’Ă©tait un lieu oĂč nous avons commencĂ© Ă dessiner qui nous Ă©tions et qui nous allions devenir.
Puis un beau jour, on a plus trop vu de Claire’s. Est-ce qu’ils ont tous fermĂ© ?
Non. C’est juste qu’on a grandi et qu’on a arrĂȘtĂ© d’aller passer nos samedi aprĂšm au centre commercial entre copines.
Bon, faut dire quand mĂȘme qu’au dĂ©but des annĂ©es 2010, avec l’essor du e-commerce, la baisse des ventes et du trafic en magasin, Claire’s a pris un coup. Alors, en 2018, Claire’s dĂ©pose le bilan et ferme 189 magasins.
Mais contre toute attente, 4 ans plus tard, l’entreprise a rĂ©ussi Ă redresser la barre. Oui oui, en 2022, quand tout le monde mettait la clĂ© sous la porte suite Ă pandĂ©mie, Claire’s s’est dĂ©veloppĂ©e.
Entre 2021 et 2022, les ventes de Claire’s ont augmentĂ© de 51 %. En 2023, Claire’s ouvre 500 magasins au Royaume-Uni et 700 aux Ătats-Unis.
Pourquoi ? Comment ?
Dans cette Ă©dition, je tente de dĂ©crypter la renaissance de Claire’s de mon point de vue marketing et stratĂ©gique. 4 aspects se dĂ©gagent, selon mes recherches.
1 : Trouver la clientĂšle lĂ oĂč elle est dĂ©jĂ
Ryan Vero, CEO de Claire’s depuis quelques annĂ©es, a contribuĂ© Ă ce que la marque remonte la pente. Selon lui, le panier client moyen est bien rempli au cours d’une visite en boutique… Mais pas en ligne.
Pourquoi ? Selon lui, l’expĂ©rience consommateur offerte par le magasin s’apparente Ă une chasse au trĂ©sor. Mais cela n’est pas vrai en ligne. Rien d’Ă©tonnant : Ă bien des Ă©gards, Claire’s est LA marque par excellence des centres commerciaux.
Alors quand la frĂ©quentation de ces derniers a commencĂ© Ă dĂ©cliner, les ventes de Claire’s ont commencĂ© Ă diminuer. ForcĂ©ment.
Une grande partie de la stratĂ©gie du nouveau CEO a donc consistĂ© Ă repenser l’emplacement des magasins Claire’s, car les consommateurs ont changĂ© leurs habitudes d’achat.
En 2019, 80 % des magasins Claire’s aux Ătats-Unis se trouvaient dans des centres commerciaux. Les 20 % restants Ă©taient implantĂ©s dans des rues commerçantes, oĂč les consommateurs passent de plus en plus de temps.
NDLR : D’ailleurs, je me suis toujours demandĂ© comment le Claire’s prĂšs de mon ancien appart bordelais subsistait. La rĂ©ponse est : il se trouve rue Sainte-Catherine, aka la plus grande rue commerçante d’Europe (comme se tuent Ă le rĂ©pĂ©ter les locaux) – et, ouf, je viens de vĂ©rifier, oui, il existe toujours.
Ăvidemment, le CEO a dĂ©sormais Ă©quilibrĂ© la rĂ©partition des magasins. C’est aussi pour cette raison que Claire’s a implantĂ© des coernes dans les supermarchĂ©s et pharmacies comme ASDA (UK) et Kohls, Walmart (US). Ă ces lieux oĂč les clients font dĂ©jĂ leurs achats, se sont donc ajoutĂ©s : un rayon entier, un prĂ©sentoir ou une tĂȘte de gondole brandĂ©e Claire’s.
2 : (Re)penser l’expĂ©rience consommateur
Ătonnant, non, que les prĂ©adolescent·e·s d’aujourd’hui veulent toujours faire leurs achats en personne ? On sait nĂ©anmoins, et Claire’s aussi, que les expĂ©riences en ligne sont Ă©galement importantes pour driver le trafic en magasin (regardez, je peux pas m’empĂȘcher de parler comme une meuf d’agence infernale).
Alors Claire’s n’oublie pas de miser sur sa stratĂ©gie social media pour attirer l’attention de la Gen ZAlpha. La marque utilise Ă©galement son site Internet et ses plateformes pour inciter les jeunes client·e·s Ă se rendre en magasin ; notamment avec la prise de rdv pour se faire percer les oreilles ou le Click & collect des articles achetĂ©s en ligne.
TikTok postĂ© par Claire’s (+100 vues)
Le CEO confirme ce que je me suis dit en regardant les TikTok de Claire’s : « L’expĂ©rience numĂ©rique n’est en fait qu’une vitrine pour la marque ».
3 : Ătre Ă l’affĂ»t des tendances
Peut-ĂȘtre que vous ne comprenez pas du tout le dĂ©lire des petites peluches pieuvres qui rendent ouf les enfants et prĂ©-ados. Comme moi, peut-ĂȘtre que vous ĂȘtes passé·e Ă cĂŽtĂ© de la tendance licorne, ou du dĂ©lire autour des fidget toys.
On est pas la cible. Normal : la marque cible un large éventail de consommateurs, ùgés de 4 à 24 ans, mais surtout les pré-adolescents.
NĂ©anmoins, Claire’s attire encore de nombreuses femmes plus ĂągĂ©es, y compris des mĂšres qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© clientes et qui sont ravies d’emmener leur progĂ©niture dans ce merveilleux endroit.
En 63 ans d’existence et d’Ă©volution, la marque est devenue habile Ă comprendre quels types de produits les font vibrer. Comme tous les gros acteurs du commerce, Claire’s observe les tendances pour identifier ce qui sera Ă la mode dans les mois Ă venir.
En 2019, par exemple, les chouchous Ă©taient trĂšs Ă la mode chez les ados : Claire’s a donc produit des millions de scrunchies.
Mais Kirstin Patrick, CMO de Claire’s depuis 2021, explique qu’une partie du succĂšs rĂ©cent de la marque s’explique grĂące Ă des tendances plus globales : la nostalgie des annĂ©es 2000 est arrivĂ©e et hop, en un claquement de doigts, Claire’s est redevenue cool. Du pain bĂ©ni pour la marque, incontournable de l’Ă©poque, qui a su en tirer parti.
4 : Rester Ă l’Ă©coute de sa cible
Certaines choses ne changent pas vraiment : de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, les prĂ©-ados aiment jouer avec les codes du monde adulte, comme le maquillage et les bijoux, tout en gardant un pied dans un pays oĂč les licornes et les paillettes dominent.
Le programme de fidĂ©lisation de Claire’s compte plus de 11 millions de membres : l’entreprise reçoit donc rĂ©guliĂšrement des commentaires de sa clientĂšle sur les rĂ©seaux sociaux et dans le cadres de groupes de travail.
Oui, parce que la gĂ©nĂ©ration Z et la gĂ©nĂ©ration Alpha sont connues pour dire quand elles n’aiment pas quelque chose ; comme on dit, « feedback is a gift ». Et Claire’s a bien raison de s’en servir.
D’ailleurs, la CMO dit elle-mĂȘme qu’elle consulte sa fille (Gen Z) pour dĂ©crypter les tendances. Comme quoi.
Conclusion
Ă une Ă©poque oĂč de nombreuses grandes enseignes (comme Toys’R’Us) ont mis la clĂ© sous la porte, le redĂ©marrage de Claire’s en dit long sur ce qu’il faut faire pour rĂ©ussir dans le retail ! Mais surtout ce qu’il faut faire pour rĂ©pondre aux besoins de la prochaine gĂ©nĂ©ration de consommateurs, exigeante et au fait des tendances, qui commence tout juste Ă exercer son pouvoir d’achat.
Sources :
- âHow Crocs and Claire’s Became Cool Again (cet article m’a donnĂ© envie de chercher plus loin et proposer une analyse plus poussĂ©e)
- âPodcast: Redefining Claire’s for a new generation (avec la directrice marketing de Claire’s)
- Si la stratĂ©gie retail de Claire’s vous intĂ©resse, lisez cet article ou Ă©coutez ce podcast.
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âïž good cop(y), bad cop(y)
Parfois en français, parfois en anglais, selon mes trouvailles.
Good copy only, cette fois ! TrĂšs trĂšs fan de ce site Internet.
Cliquez sur le logo pour y accéder.
Je vous propose des morceaux choisis de Churn Butter, une marque de beurre un peu spĂ©ciale Ă l’univers dĂ©calĂ©. DĂ©jĂ , j’aime beaucoup l’identitĂ© visuelle et l’iconographie de la marque đ„°
Je vis pour les jeux de mots, vous le savez.
Alors quand j’arrive sur la page d’accueil et que je lis « Make every meal Butter », forcĂ©ment, ça touche une corde sensible chez moi !
Homepage
Et ça ?! OUI.
Footer Instagram
Le parfait exemple de page Ă Propos user-centric (oĂč on parle de son utilisateur sans parler vraiment de soi) (matez l’usage de « you » partout) est lĂ , sous nos yeux :
Page Ă Propos
Histoire de chipoter : si les boutons d’appels Ă l’action Ă©taient personnalisĂ©s, ce serait mieux.
That would be BUTTER, mĂȘme. Mais j’imagine qu’on peut pas avoir le beurre et l’… Allez, j’arrĂȘte.
J’aurais choisi par, exemple, des formulations avec le verbe « melt » (fondre) ou en tout cas tout un vocabulaire en rapport avec la cuisine/le beurre/la gourmandise et quelques jeux de mots !
Encart boutique
Bon et je suis allĂ©e voir leur compte TikTok et maintenant, j’ai TROP LA DALLE. Vous aussi ?
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đ share the love
Vous trouvez cette newsletter délicieuse ?
- Partagez-la ou transfĂ©rez-la Ă quelqu’un pour qu’iel s’inscrive Ă son tour
- RĂ©pondez-moi par retour de mail ou envoyez-moi un DM sur Instagram
â
đ©· obsessed
Livres : récemment lus, La Femme Gelée et Regarde les lumiÚres mon amour, de la merveilleuse fabuleuse talentueuse Annie Ernaux.
CinĂ© : les sĂ©ries Death And Other Details + Expats, le retour d’Abbott Elementary la semaine prochaine, Poor Things qui me trotte encore dans la tĂȘte. Faut que je voie May December, Anatomie d’une chute (enfin) et Past Lives.
Projets : des pages de vente, une charte Ă©ditoriale, des pages de site Internet, des e-mails marketing, des fiches-produits, des articles Ă©ditoriaux… Pas prĂȘte de m’ennuyer.
Food : dans ma croziflette era et j’ai (sĂ©parĂ©ment) dĂ©couvert l’alliage parfait aka lait vĂ©gĂ©tal noisette + chocolat en poudre
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đ bookmark’d
En anglais, sauf si prĂ©cisĂ© đ«đ·
- Ode aux tickets de concert/voyageâ
- Pourquoi tout le monde fait soudainement de l’affiliation ?
- Les toilettes publiques : vrai sujet đœđ«đ·
- L’usage de TikTok dĂ©croĂźt : pourquoi ?
- C’est quoi, la Grande NĂ©gociation ?
- âĂtude de cas d’un business… Florissant đ
- Vous connaissez la derniĂšre aesthetic TikTok ?
- Facebook approuve des pubs pro-dr0gues et TCA
- Vous avez suivi la baston Universal VS TikTok ?! đż
- Je me suis reconnue dans cette newsletterâ
- Le SuperBowl des Beckhamâ
- Le nouveau logo Disney Junior est-il trop simple ?
- La vie (et la m0rt) des influencers « maladie » (oui)
- Cet outil dĂ©termine le temps de lecture d’un livre X ou Y
- C’est quoi, le Tryvertising ?
- Ew đ€ą Andrew Tate đ€ą
- TikTok se prend pour YouTubeâ
- Si tu t’en fous de Taylor Swift… đ«đ·
ââł Pour aller plus loin :
âThe Taylor Swift deepfakes are a warningâ
âDeepfake Technology Has Been Weaponised Against Women â & Taylor Swift Is The Latest Victim Satya Nadella says the explicit Taylor Swift AI fakes are âalarming and terribleââ
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C’est arrivĂ© cette semaine : Sprite teste une bouteille de 50cl dĂ©nudĂ©e d’Ă©tiquette au Royaume-Uni.
Ce qui change ? Les consommateurs n’ont plus Ă arracher l’Ă©tiquette, ce qui facilite et encourage le processus de recyclage.
Les bouteilles transparentes sont gravĂ©es au laser et facilement identifiables, grĂące au bouchon vert qu’elles conservent.
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On en pense quoi, la team design ? Coup marketing décevant ?
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đ·l’Ă©ty-mot-joli
Chaque mot a son passĂ©. Parfois insoupçonnĂ©, souvent surprenant. đ
« finir en eau de boudin » :
Bon, c’est une thĂ©orie parmi tant d’autres, difficile de retracer l’origine de cette expression.
DĂ©jĂ , sa signification : on l’emploie quand quelque chose se termine d’une mauvaise maniĂšre ou, en tout cas, inattendue. Une situation qui ne se dĂ©roule pas comme prĂ©vu, par exemple.
L’origine prĂ©cise de cette expression n’est pas claire : elle est probablement liĂ©e Ă l’eau dans laquelle on lave ce qui sert Ă fabriquer du boudin – aka des boyaux, et alors, vraiment, ĂA DEGZ.
Mais c’est assez controversĂ© et je suis pas prĂȘte Ă raconter des trucs encore plus degz dans cette newsletter, donc allez lire les autres hypothĂšses ici. Mais gare Ă la perte d’appĂ©tit.
Je vous remercie de m’avoir lue đ
On se retrouve dans deux semaines, avec ou sans boudin. Mais préférablement sans.
VoilĂ .
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Chloé Kieffer
Copywriter et crĂ©atrice de la newsletter Club Ădito
đïž Dernier Ă©pisode de podcast : 2024, le retour du contenu long ?ââ